JUNK PAGE JUIN 2013
Une relance économique mondiale semble être au goût du jour malgré une
récession française. Le marché de l’art, comme son nom l’indique, n’en
demeure pas moins lié au secteur économique. Si nous regardons un peu en
arrière, nous observons que nos ancêtres du XVIIIesiècle étaient beaucoup
plus sensibles à la création de leur temps. De nos jours, l’élan conservateur
semble dominer. La circulation des marchandises au niveau européen devrait
s’opérer au niveau national et local avant de devenir mondiale. Autre temps,
autres moyens, fastes et intrigues donnaient le ton. Les styles s’enchaînent.
Du style LouisXIV, austère mais robuste, nous sommes arrivés à la rigueur
LouisXVI, en passant par les formes généreuses de la Régence et du
LouisXV avec des petites touches personnelles dont les artistes s’amusaient.
Aujourd’hui, les intérieurs laissent peu de place à la nouvelle création.
Onachète non pas en fonction des tendances et de ses goûts propres, mais
en vue d’un investissement guidé par des signatures, connues, répertoriées,
dont un diktat latent nous impose les règles. Ce conservatisme exacerbé
amène à un ralentissement des échanges, des idées, d’une dynamique globale
en ces temps de morosité ambiante. L’avenir de l’art ne serait-il pas de
revenir à une plus grande diversité culturelle au quotidien, à des échanges
plus cosmopolites tant des idées que des capitaux y répondant ? Après des
considérations théoriques, la mise en place d’exercices pratiques serait à
envisager.
La stigmatisation des intérieurs liée à une uniformité de style – ce blocage du
temps où le décor doit être uniquement XVIIIe, XIXe ou contemporain – amène
à une obstruction des idées artistiques et économiques. Des nos jours, la
surinformation tue l’information… Nous ne trions plus cette immondice qu’on
nous propose, faute de temps.
La culture se construit au quotidien, par un regard sur le monde, sur
l’architecture, par une curiosité pour ce qui nous entoure et par les
échanges. Cet état d’esprit amène à une progression de soi, de son propre
environnement, mais aussi à terme à une évolution de soi dans ce dernier.
Lemarché de l’art n’est pas uniquement une question de prix sur un
objet, mais également une approche de l’esprit qu’on veut bien lui donner.
L’économie qui en découle dépendra in fine de cette culture et de cette
observation du monde.